Les autorités Algériennes limitent d’une manière drastique le droit de grève et l’activité syndicale

En Algérie, le temps passe et les droits sont de plus en plus restreints voire disparaissent les uns après les autres. Ainsi, le gouvernement algérien a publié le 17 octobre 2023 deux décrets d’exécution au journal officiel qui limitent d’une manière restrictive et sévère le droit de grève et le nombre des syndicats. En effet, les deux textes ne sont en réalité qu’une mise en œuvre de deux lois promulguées les 25 avril 2023 et 21 juin 2023 sur “ l’exercice du droit syndical” et “l’exercice du droit de grève”. Lors de l’examen en février 2023 par le parlement de ces deux lois, une trentaine de syndicats autonomes s’étaient opposés en organisant une journée de protestation mais sans succès. Ces syndicats considèrent que ces lois vont considérablement réduire les champs des luttes sociales et remettre en cause le droit à l’exercice syndical et s’inscrivent en contradiction avec la constitution (articles 35 et 69) et surtout les conventions internationales que l’Algérie a ratifiées.

Selon le ministre du travail, les nouveaux décrets vont “renforcer le rôle des organisations syndicales dans la défense des droits et réaliser la justice sociale”. Mais la confédération des syndicats autonomes (CSA) constate qu’au contraire il existe une mise en œuvre de “conditions difficiles à remplir et contraignantes imposées au droit de grève qui est garanti par la loi”.

Dans le but non avoué par les autorités algériennes d’éliminer de nombreux syndicats, la nouvelle loi exige une représentativité d’au moins 25% du personnel surtout dans un pays où le taux de syndicalisation est faible. Ce critère serait difficile à remplir dans un environnement ou l‘administration décourage toute forme d’organisation qui ne lui est pas inféodé. Par ailleurs, d’autres dispositifs limitent les mandats des dirigeants syndicaux et l’interdiction d’avoir des engagements politiques ce qui place les syndicats en position de faiblesse face aux pouvoirs publics et les employeurs.
Un nombre important de fonction qui sont nommé par décret sont frappé d’une interdiction de grève tel que « les domaines de la défense et de la sécurité nationales, ainsi que les secteurs stratégiques et sensibles en termes de souveraineté ou de maintien des services essentiels d’intérêt vital pour la nation »
Les imams, qui sont des fonctionnaires, sont logés à la même enseigne que les magistrats, les fonctionnaires nommés par décret ou en poste à l’étranger, les personnels des services de sécurité et de la protection civile, les agents des services de transmissions, les douaniers, les agents de l’administration pénitentiaire et les personnels des établissements comprenant des « installations sensibles et stratégiques ».

Le deuxième décret paru le même jour impose pratiquement dans tous les secteurs d’activité en Algérie un service minimum obligatoire qui ne « peut être inférieur à 30 % de l’effectif total des travailleurs concernés par la grève ».

Toutes ces démarches visent à anticiper les revendications sociales liées aux conséquences d’une politique économique désastreuse avec une inflation galopante et une cherté de la vie qui limite considérablement le pouvoir d’achat des travailleurs (euses). En outre, ces restrictions syndicales s’inscrivent dans une vision globale de la reprise autoritaire du pouvoir à la suite du mouvement Hirak qui demandait un changement radicale du mode de gouvernance que les tenants du pouvoir ne veulent pas entendre parler.

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